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Internats d’excellence, un naufrage à prix d’or

Les internats d’excellence constituent sans doute l’initiative la plus emblématique du quinquennat de Nicolas Sarkozy en matière scolaire. Voulus par le chef de l’État, ces établissements, qui proposent d’extraire les élèves « méritants » de leur quartier populaire pour leur permettre de bénéficier de conditions d’apprentissage optimales, n’ont cessé d’être mis en avant par la rue de Grenelle. À eux seuls, ils étaient censés marquer le retour du volontarisme républicain au service de la méritocratie. Parmi les dix-sept rapports que vient de sortir des placards Vincent Peillon, celui qui concerne les internats d’excellence, est pourtant le plus cruel pour son prédécesseur.

Pour commencer, le rapport, daté de juin 2011, souligne le coût exorbitant du dispositif, rendu possible par « un portage politique au plus haut niveau de l’État ». En pleines restrictions budgétaires, les douze internats d’excellence obtiennent en effet 200 millions d’euros dans la loi de finances rectificative pour 2010!

En haut : Créée sous Napoléon, la Maison d’éducation de la Légion d’honneur est l’archétype du pensionnat à l’ancienne. Il n’accueille que des jeunes filles en uniforme, pour la plupart issues de «bonnes familles».En bas : L’internat d’excellence de Sourdun est un projet pilote hors normes. Ouvert en septembre, il n’accueille que des enfants des quartiers sensibles de l’académie de Créteil.

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À l’inverse, certains établissements ont manifestement utilisé ce dispositif pour « se débarrasser des perturbateurs » à tout prix, « quitte à présenter des dossiers insincères ». « La moitié des 50 élèves de Cachan aurait des problèmes de nature médicale, psychologique, affective ou comportementale. » Ainsi « la principale dit avoir été « flouée ». Le proviseur de l’internat d’excellence de Langres parle de son côté de « mensonges éhontés » et cite le cas d’un élève que son dossier qualifiait de « timide mais brillant » alors qu’il s’est révélé très faible et présentant des problèmes de comportement ».

Autre réserve de taille, un taux de départ très important : entre 10 et 30 % de l’effectif des internats d’excellence ne termine pas l’année. Les raisons ? Des règles de vie pour le moins strictes : « surveillance constante, sorties individuelles interdites ou restreintes, privation ou utilisation très contrôlée de la télévision comme du téléphone portable, temps libre réduit au strict minimum », mais aussi des journées surchargées d’activité (kayak, linogravure, ateliers théâtre…), là encore semble-t-il plus pour l’effet d’affichage que pour le bien-être des élèves.

http://conliegensemble.blogspot.fr/2012/05/internats-dexcellence-un-naufrage-prix.html

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