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Algues vertes. Fléau pour les uns, filon pour les autres

Richesses ou déchets ? Alors que des industriels convoitent le gisement d’algues vertes en baie de Lannion, l’agglo dénonce des «pressions». Et refuse d’hypothéquer le plan de lutte au nom de l’emploi.

«Est-ce la mort du Plan algues vertes ?». Jean-Claude Lamandé, vice-président de Lannion-Trégor agglomération, ne mâche pas ses mots. La semaine dernière, au conseil communautaire, l’élu de Plestin-les-Grèves a dénoncé des «pressions» dont serait victime la collectivité.
Pointés du doigt, des industriels, empressés de vouloir transformer le fléau en filon. Également dans le collimateur, les services de l’État, suspectés de vouloir forcer la main de l’agglo (*). Pour Jean-Claude Lamandé, envisager «une filière sur un déchet» ne tient pas la route. Primo, parce que les algues vertes «ne sont pas une richesse». Secundo, parce que confier leur ramassage et leur exploitation au privé revient, «quelque part, à encourager la pollution. C’est l’éradication des algues vertes qu’on vise, non leur prolifération».

250 emplois à la clé
Un «problème majeur de déontologie» que Jean-Claude Lamandé étaye en évoquant la dangerosité de l’ulve, comparée à un «produit chimique. Tant qu’il n’y aura pas de réglementation sur letransport, le stockage et lamanipulation de ces algues, cen’est pas acceptable», estime l’élu qui rappelle que la responsabilité des maires peut être engagée en cas de pépin.
Et ce ne sont pas «les 150 emplois» promis au printemps dernier «par un groupe européenqui ne nous a pas dit son nom (il recherche 70.000 tonnes annuelles pour pouvoir produire un emballage, ndlr) qui vont changer la donne», précise Jean-Claude Lamandé. Lequel n’est pas davantage séduit par le projet d’Ulvans, groupement qui associe l’entreprise Olmix (56) et la Sica de Saint-Pol-de-Léon (29). Un projet qui vise à extraire des molécules stimulant les défenses des plantes ainsi que des protéines très nutritives pour les poissons.
Avec ces protéines, «on pourra nourrir des poissons en Asie», s’enthousiasme Hervé Balusson, P-DG d’Olmix. À la clé, une centaine d’emplois, à Plouénan (29).
«C’est un comble ! Plus on sera pollué et plus on créera de l’emploi, c’est ça ?», s’étrangle René Ropartz, maire de Saint-Michel-en-Grève, qui renvoie au préjudice subi par l’industrie touristique. «On ne demande d’avoir accès qu’à 2.000 ou 3.000 tonnes d’algues (sur 20.000 échouées chaque année), pour valider ces technologies et faire démarrer notre usine», répond le patron d’Olmix, qui rejette tout risque sanitaire dans le process.
«Le principe de précaution ne doit pas devenir une précaution de principe», prévient Éric Perchais, chargé d’affaires d’Oseo, établissement public financier qui soutient le projet Ulvans. «Les algues ne sont pas une pollution quand elles ne sont pas encore échouées. On peut en tirer des produits qui améliorent l’environnement. Je connais Olmix depuis une douzaine d’années et c’est l’une des entreprises les plus vertes de Bretagne.»
Hervé Balusson regrette «ce dogmatisme, selon lequel on doit faire disparaître les algues. En Bretagne, on connaît les algues et on sait les valoriser. C’est une technologie qui peut s’exporter ». Et qu’il ne veut pas laisser à d’autres.

* Contactée, la préfecture s’est dite dans l’impossibilité de s’exprimer hier sur le sujet.

Le Télégramme

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