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Des personnalités d’extrême droite font de l’entrisme sur des sites d’infos

“Boulevard Voltaire, le cercle des empêcheurs de penser en rond” : voici le nom et la devise du site d’information lancé au début du mois d’octobre par les journalistes Robert Ménard et Dominique Jamet. “Deux idées président au lancement. La première est ‘liberté’, d’expression, de ton, de parole. La seconde est ‘pluralisme’, afin de permettre à des opinions qui ne sont pas forcément officielles et autorisées par les grands groupes de presse et les grands partis politiques de s’exprimer”, a résumé Dominique Jamet lorsqu’il a été interrogé par l’AFP. Pour concrétiser ce programme, les deux compères n’ont pas hésité à faire appel aux vieilles gloires de l’ultradroite.

Parmi la trentaine de contributeurs de Boulevard Voltaire, des anciens du Front national tels Jean-Yves Le Gallou, ex-député européen frontiste qui a théorisé le concept de “préférence nationale”, mais aussi l’historien Bernard Lugan, ancien membre du conseil scientifique du FN. Parmi les autres plumes du site, on retrouve le militant complotiste et souverainiste Pierre Hillard, l’avocat pro-israélien radical Gilles-William Goldnadel mais aussi l’écrivain André Bercoff, qui vient de publier Apéro saucisson-pinard, un livre d’entretiens avec, entre autres, le président du Bloc identitaire, Fabrice Robert.

D’autres profils n’échapperont pas au lecteur de Minute mais sont moins connus du grand public. Pour Boulevard Voltaire, Mathilde Gibelin a ainsi interviewé Nicolas Dupont-Aignan mais également François Delapierre, le bras droit de Jean-Luc Mélenchon. Alors qu’elle est présentée comme une simple journaliste, un rapide tour sur son blog personnel permet de comprendre qu’elle est l’une des figures d’Europe-Jeunesse, le mouvement de scouts du GRECE (un think tank ayant pour but de fournir à la droite et l’extrême droite un logiciel de pensée identitaire et ethnodifférencialiste). Introduit de la même manière, Nicolas Gauthier, qui publie des analyses géopolitiques sur le site, est l’ancien directeur de publication du journal d’extrême droite Flash.

Ce ne sont pas les seuls militants d’extrême droite qui réussissent à accéder et à contribuer à des sites d’informations grand public. Le phénomène a même tendance à se généraliser. “Les sites participatifs ont besoin d’une grande quantité d’intervenants pour s’autoalimenter ou pour susciter le débat. Ils font donc parfois appel à des gens sans tenir compte de leurs stricts domaines de compétences”, analyse Jean-Yves Camus, chercheur associé à l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques). “Beaucoup d’intellectuels déclassés trouvent sur le web une nouvelle visibilité en se présentant comme des parias ostracisés à cause de leurs discours pseudopolitiquement incorrects sur l’islam ou l’immigration”, confirme l’historien des droites extrêmes Nicolas Lebourg.

C’est ainsi, par exemple, que Jean-Paul Gourévitch, “spécialiste autoproclamé des migrations”, adoré par l’extrême droite pour avoir livré un rapport tout à fait farfelu sur le coût économique de l’immigration, intervient sur Le Plus (site participatif du Nouvel Obs) ou bien encore sur le pure player conservateur Atlantico.

Sans doute moins regardant sur sa droite, Atlantico héberge aussi les papiers de Christian Rol, ancien militant de l’organisation étudiante d’extrême droite le GUD, coauteur d’un livre avec Maxime Brunerie (l’homme qui avait tiré sur Jacques Chirac en 2002), simplement présenté au lecteur comme un “écrivain et journaliste”, ou bien encore ceux de Patrice de Plunkett, dont le passé militant au sein de la Nouvelle droite est également passé sous silence.

Les Inrocks

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