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Les campagnes anti-gaspillage d’eau sont-elles inutilement alarmistes ?

Couper systématiquement le robinet entre deux tâches, prendre des douches et non pas des bains, autant de précautions véhiculées par les diverses campagnes écologiques. Mais si la réalité était autre et que l’eau n’était pas si en danger que cela?

Atlantico : Les français sont entourés de marqueurs, d’annonces, de campagnes écologiques qui les poussent à économiser et les alertent sur la qualité de l’eau. Vous nuancez très fortement ces positions. Alors qu’en est-il réellement, comment l’eau est-elle gérée en France ?

Jean de Kernasdoué : Je n’irai pas jusqu’à dire que ces campagnes sont des tissus de mensonges, il faut éviter d’employer des termes trop forts. En revanche on peut dire qu’il n’y a pratiquement jamais nulle part, en France, de problèmes de ressources en eau. Il y a de l’eau dans les fleuves, et dans les rivières. Quand il pleut, 64% de l’eau s’évapore et le reste s’infiltre, qu’il y ait une occupation d’homme sur la zone ou pas. Les nappes phréatiques contiennent 176 milliards de m3 d’eau et 171 milliards de m3 sont perdus car s’en vont dans la mer par le biais des grands fleuves français. L’eau qui s’évapore n’est pas perdue, elle retombera forcément ailleurs sur Terre.

Pourquoi l’alerte est-elle donc tout le temps donnée sur la qualité et la gestion de l’eau en France ?
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Il faut se dire que l’eau est bien gérée en France d’une manière générale, c’est un dossier que les communes ont à cœur, même si parfois le traitement des eaux est sous-traité par de grandes entreprises. En général, les règles de salubrité sont scrupuleusement respectées, on met dans l’eau un peu de chlore pour éviter – quand elle stagne dans les tuyaux – que des nuisibles et des bactéries s’y développent. On ne consomme pas l’eau, elle ne fait que passer. Une fois qu’elle a servit, elle repart par les égouts pour y être retraitée et selon les usages soit elle reste dans ce circuit soit elle retourne dans les nappes.

Les zones rurales ont été identifiées comme souffrant d’une qualité d’eau un peu moindre, est-ce vrai ?

Non, je ne suis pas d’accord avec cette position,  l’eau reste excellente. S’il y a une variation c’est en raison de la différence de composition minéralogique. A Paris, l’eau a exactement la même qualité de l’eau Evian, selon moi il n’y a aucun besoin d’acheter de l’eau en bouteille à moins de préférer l’eau gazeuse.

Il faut donc relativiser les campagnes même si elles sont souvent appuyées par des études, mais doit-on aussi minimiser le risque écologique ?

On ne peut pas nier les problèmes écologiques. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de constater à quel point, dans les pays de l’est, il y a une vingtaine d’années, juste après la chute du mur de Berlin, ce qui se déversait des usines vers les cours d’eau, il y avait vraiment des raisons de s’inquiéter. Mais à Paris en réalité, il y a un système d’égout qui ne rejette pratiquement rien dans la Seine que depuis cinq ans, on ne peut pas nier la présence de problèmes écologiques. En revanche, il faut aussi comprendre que les humains souffrent bien plus des excès d’eau – comme typiquement les inondations – que des sécheresses.

De la même manière, il faut nuancer la dialectique de la raréfaction d’eau et de l’économie à tous prix. Quand on analyse, le fameux bain dont on nous parle – et qu’il faudrait éviter par soucis d’économie d’eau, il faut savoir que le bain – c’est 150 litres d’eau, une douche c’est 15 litres. Le préjudice est essentiellement financier mais à proprement parler, on économise pas d’eau, car une fois évacuée l’eau ne va pas disparaître, elle retourne simplement dans le bassin de la Seine. Pour s’évaporer en partie. Les français n’achètent pas de l’eau mais de l’eau propre. C’est tout autre chose.

Vous parlez souvent « d’imposture hydrologique », qu’entendez-vous par là précisément ?

Il y a plusieurs types d’impostures : dans un premier celle de laisser penser que l’on va bientôt manquer d’eau, celle de pointer du doigt le danger d’assèchement des nappes phréatiques, alors que celle de la Beauce par exemple, au rythme actuel peut nous alimenter pendant encore 300 ans, sans compter que les pluies sont plutôt régulières, ou de laisser croire que les plantes prennent de l’eau par leur racines pendant plusieurs mètres alors qu’en réalité il ne s’agit que de quelques centimètres pour la plupart des végétaux. Il faut simplement que les citoyens se rendent compte que le vrai danger c’est la non maîtrise de l’eau. C’est l’excès le problème et non le manque.

Atlantico

  1. 31 octobre 2012 à 15:18

    il faut juste faire un petit rappel : l’eau est le 3em secteur le plus corrompu après l’armement et le BTP ! Alors que c’est une ressource vitale pour l’humanité. Que font nos gouvernants pour moraliser tout cela, où trempent-ils aussi dans cette corruption, ceci expliquerai cela ?
    Alors que l’on voit bien que la ressource eau va finir par se raréfier. Ce qui montre bien que les économies d’eau doivent se faire au quotidien par chacun d’entre nous !
    pour info 60 millions de consommateurs, dans son numéro de juillet 2011, teste des douchettes à économie d’eau et préconise la pose de matériel d’économie d’eau sur les robinets et WC.
    L’étude montre qu’une famille de 4 personnes peut réduire de 30% sa facture d’eau (de 150 m3 /an à 100 m3) soit 50 m3 d’économie d’eau par an, tout en gardant le même confort.
    Il est indiqué que ces matériels d’économie d’eau permettent au final une économie entre 217 et 267 € /an ce qui représente 45% de la facture d’eau (30% d’économie pour l’eau et 15% supplémentaire sur l’énergie).
    plus d’infos sur http://www.activeau.fr/economiseur_eau_douche_reduction_facture.htm

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