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Guillon, Bedos, Ruquier, Aram : la nouvelle police de la pensée.

Le philosophe François L’Yvonnet dégomme « l’intégrisme de la rigolade »

Rien qu’à l’idée que cet essai, Homo comicus (Mille et une nuits), puisse susciter les ripostes au quart de tour outragées des grands narcissiques explosifs Stéphane Guillon, Nicolas Bedos, Sofia Aram ou Laurent Ruquier, on subodore que le philosophe François L’Yvonnet n’a pas la tête à rire, mais à une sérieuse opération de kamikaze social. Dans son texte météorique, à peine une soixantaine de pages, comme une bonne blague, ou plutôt comme un agacement face à une nuée de moustiques du débat public, il dégomme « l’intégrisme de la rigolade« .

Sa thèse : toute une joyeuse parade d’humoristes médiatiques imposeraient désormais ce mode de penser superficiel et rebelle en son miroir à la société tout entière. Ces fabricants de rire sont d’un nouveau genre, selon l’auteur qui les qualifie de représentants de « l’humorisme ». Il s’agit d’un humour faussement politique. Les rires ici ne sont pas pré-enregistrés, mais participent du prêt-à-penser contemporain, sans aucune prise de risque. « Il faut rire de tout mais avec eux. Le rire, « leur » rire est la norme. A les écouter, ils seraient l’actuelle incarnation de la liberté d’expression et de toutes les valeurs réunies de la démocratie » persifle ce proche de Jean Baudrillard et ami d’enfance -le texte lui est dédié- d’Albert Algoud, entre autres dialoguiste de Laurent Gerra et Karl Zéro, et chroniqueur au Canard Enchaîné.

« L’humorisme politique produit de la dérision intégrée (à la manière de la « critique intégrée » ou de la « subversion intégrée » dont parlaient les Situationnistes). Tout cela est parfaitement inoffensif. Jean Baudrillard, une fois encore, voit juste lorsqu’il dit que l’acceptation des choses prend aujourd’hui la forme critique : « On avalise tout, sous un air critique ! » C’est même devenu la pensée dominante« , estime encore François L’Yvonnet. Le kamikaze s’est trouvé un soutien en la personne d’Alain Finkielkrault qui lui consacre un Réplique sur France Culture juste avant le 1er avril.

http://www.lesinfluences.fr/Guillon-Bedos-Ruquier-Aram-la.html

 

Homo comicus:ou l'intégrisme de la rigoladePrésentation de l’éditeur

Ce pamphlet est né d’un agacement, celui de voir parader sans vergogne, à longueur de médias, une ribambelle d’humoristes d’un nouveau genre, moins amuseurs que donneurs de leçons, moins  « comiques » qu’agents autoproclamés du Bien.
Ils éreintent mais sans risque, ils accusent, ridiculisent, frappent de dérision sans ménager la moindre possibilité de défense. Des procureurs hargneux, dans des procès joués d’avance. Le sérieux, voilà l’ennemi.
Ils règnent à la radio, à la télévision, dans la presse écrite, publient des livres, font des films, achètent des théâtres… C’est une nouvelle féodalité, avec ses prébendes et ses privilèges.
C’est un nouvel intégrisme, celui de la rigolade. Il faut rire de tout mais avec eux. Le rire, « leur » rire est la norme. À les écouter, ils seraient l’actuelle incarnation de la liberté d’expression et de toutes les valeurs réunies de la démocratie. On croit rêver… Leurs saillies sont pourtant d’une incroyable platitude et leurs prêchi-prêcha, troussés à la va-vite, épargnent les vrais puissants. Curieuse époque que la nôtre, qui voit le « bas-bouffon » tenir lieu de conscience et de pensée.

Homo Comicus, ou l’intégrisme de la rigolade, de François L’Yvonnet, Mille et une nuits, Paris, 73 pages, 9 euros.  Sortie : le 21 mars 2012.